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 La mort noire.

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MessageSujet: La mort noire.   La mort noire. EmptyVen 1 Fév - 23:24


Voilà deux jours que la jeune sramette se sentait mal. Sa tête bourdonnait, ses muscles la faisaient souffrir, les crampes s’enchaînaient. Malgré un grand manque d’appétit, et par conséquent un jeûne forcé, la demoiselle avait déjà rendu par deux fois. Dans le champ où elle s’était éveillée, le visage illuminé par une lune blafarde et les cheveux emmêlés par le gros vent d’hiver, elle se redressa difficilement. Elle se remit à fouiller le sol et les arbres, enfermant quelques insectes dans divers bocaux, prélevant plantes de toutes variétés. Son visage à la pâleur effroyable contrastait avec le contour de ses yeux, cernés de noir. Le corps féminin titubait dans les pâturages Bontariens. Le visage blanc se couvrit d’une nouvelle couleur, rouge. La jeune femme saignait à présent, le liquide sortait de sa bouche et de son nez, et vomit de nouveau.


Aturia Inel, quartier des alchimistes, Bonta, le 1er flovor 643.


Très chère Adre.

L’épidémie s’est encore étendue, elle fait de plus en plus de morts. Les symptômes sont à présent clairement établis ; le virus est presque invisible durant les deux premiers jours, seules de légères céphalées se font ressentir, mais la période d’incubation laisse rapidement place à une forte fièvre, parfois accompagnée de délires. Le teint se fait extrêmement pale chez les victimes de la maladie, et le contour des yeux –injectés de sang- devient très sombre. Ca me fait parfois penser aux visages des pandas, d’ailleurs. Le troisième jour, des vomissements et saignements sont visibles, et une toux y est parfois associée, probablement due à l’assèchement de la gorge causée par les nausées. Et le quatrième jour, le malade tombe dans le coma, généralement suivi, quelques heures après, par un décès. Je te rassure, je ne suis pas encore malade, cependant, je n’ai aucune nouvelles de ma petite sœur, Turia. Elle est partie voilà une semaine, pour aider nos médecins à trouver un antidote à ce mal qui sévit. Tu verrais la ville, tu n’y croirais pas. Les habitants sont devenus fous. C’est abominable. Les parents abandonnent leurs enfants malades, les uns s’enferment chez eux tandis que les autres tentent de passer les remparts de la ville, étroitement surveillés par les gardes. Certains ont sans doute réussi à sortir de la zone de quarantaine car je n’appris pas plus tard qu’hier que Brakmâr était aussi touchée. Bonta n’est plus sûre, les hommes volent leurs voisins, les cadavres jonchent les rues. Très rare sont ceux qui osent les enterrer ni même s’en approcher, si bien qu’une puanteur de plus en plus intense a envahi les rues. Certains malades font le chemin jusqu’au cimetière pour ne pas imposer leur corps aux survivants, et le peu de croque morts qui s’enrichissent enterrent parfois des malades tombés dans le coma mais pas encore décédés. Mais c’est pour mieux mourir la semaine suivante. Il semblerait que tout le continent soit touché, et si ce n’est pas encore le cas, cela ne saurait tarder. Reste sur Frigost, tu y seras plus en sécurité qu’ici. Par ailleurs, nous ne connaissons toujours pas ni le mode de transmission, ni la cause du mal, mais les marchands venus de vulkania sont fortement suspectés. Ils auraient amené la maladie avec leurs marchandises, mais rien n’est certain.

Ce sera sans doute la dernière lettre de notre correspondance, du moins pour le moment. Dorénavant, le peu de médecins restant craignent que les familiers utilisés pour correspondre soient des moyens de transmission de la maladie.

Ma très chère amie, prends grand soin de toi, et ne t’en fais pas pour moi, je prends mille précautions pour n’entrer en contact avec personne.

Aturia.



La maladie faisait rage depuis bientôt deux mois. J’étais alors sur Frigost en mission, puis ai reçu l’ordre de ne pas rentrer à Bonta devant le fort taux de mortalité et la grande contagion liée à l’épidémie. Amayiro m’avait mise en garde, une pestilence avait touché la cité blanche, je ne devais rentrer sous aucun prétexte, sous peine de risquer ma vie. Suite à l'apparition de cette mort noire, il avait mandé de nombreux membres de la cité résidant à Frigost de retrouver un vieux fou. Je ne me souvenais même plus du nom de ce bougre, mais avais la lettre dans une des poches de mon veston. Le vieillard, érudit, avait peut être déjà entendu parler d’une telle maladie. Cependant, les indices étaient maigres, très maigres. Je n’avais pour informations qu’un nom, Alcofriles Nettrel, et un lieu, Frigost…


[A suivre.]
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MessageSujet: Re: La mort noire.   La mort noire. EmptyDim 3 Fév - 11:53

Je me mis en quête de renseignements plus étoffés, auprès du maire de Frigost. Le bourg était, comme à l’accoutumée, très calme, et la neige virevoltait doucement dans les airs, humidifiant légèrement mon pelage. J’arrivais enfin à la mairie, et entrai. De nombreuses personnes étaient déjà présentes, et le brouhaha, à l’intérieur de la chaude bicoque contrastait avec le calme et le froid de l’extérieur. Mademoiselle Cantile prit la parole, faisant taire les hommes et femmes présents.

« Cher Frigostiens, bonjour à tous. D’abord, je souhaite vous informer que la maladie ne nous toucheras pas. Depuis le début de l’épidémie, nos portes se sont fermées, les zaaps sont condamnés et les navires commerciaux ne sont plus acceptés. Que ceux qui craignent pour leur santé rentrent calmement chez eux, tout est mis en place pour protéger vos vies. Ne cédez pas aux charlatans qui volent les honnêtes gens en vendant divers grigris et potions inefficaces. En cas de contamination, je vous informerai, mes chers concitoyens. »

De nombreux hommes et femmes sortirent, certains soulagés, d’autres mécontents. En fait, nous n’étions plus que quatre dans la salle. Mon visage se dirigea de nouveau vers le maire, qui reprit la parole.

« Je suppose que les citoyens restants sont Bontariens, et ont reçu la lettre d’Amayiro. Suivez-moi. »

Nous montâmes d’abord à l’étage de la mairie, puis empruntâmes un escalier qui se situait dans une bibliothèque, dissimulé derrière un meuble. Nous nous retrouvâmes dans un étrange sous sol, nous prîmes place autour d’une table. La salle était taillée dans la glace, nous pouvions deviner les fondations de la mairie, en bronze et en tremble. Les maisons de la bourgade étaient bâties d’une étrange manière, mais l’alliance du bois et du métal permettait aux habitations de ne pas subir de dégâts lorsque la glace fondait légèrement en été. La salle était percée de plusieurs sorties, qui menaient encore plus profondément vers le centre de la terre. Aucune décoration n’était présente, seul un immense coffre trônait entre deux cavités. La salle se caractérisait par une extrême sobriété. Ou plutôt une extrême austérité. Je fus sortie de ma contemplation par le maire. Elle venait de sortir de nombreux parchemins de la malle d’ébène, et les avait posé avec précaution sur la table. Elle en déroula un, représentant le monde des douze.

« Ici. Ici, ici et là. Toutes ces zones sont touchées par la contagion. L’île de Sakai, et l’îlot estitch sont les seuls autres endroits non contaminés, d’après les dernières lettres. Tous les moyens de transport vers notre île sont bloqués, il n’existe pas de moyen de sortir ni d’entrer. »

Un vieil homme se préoccupait de l’économie de l’île, et fut immédiatement rassuré.

« Tous les alchimistes, les chasseurs, bouchers, pêcheurs, poissonniers et paysans de la ville ont été mis à contribution. Nous ne serons ni touchés par la famine, ni par la pestilence. À présent, je souhaite en savoir plus sur vous. »

Tour à tour, nous présentions nos badges bontariens. Le premier, un féca, était guerrier, tandis que sa compagne éniripsa était prêtresse. La troisième personne, un vieil énutrof croulant, était lui aussi prêtre, et j’indiquais à notre maire mon statut d’espionne. Elle déroula un nouveau parchemin, une carte bien plus précise. C’était la carte de l’île d’Otomaï.

« De nombreuses rumeurs circulent. Certains rejettent la faute sur Sufokia et les mauvaises odeurs des marées qui rendent occasionnellement l’air nauséabond. Les plus fervents croient que les Dieux punissent les pêcheurs par ce fléau, mais les canailles et les plus pieux d'entre nous meurent, les uns et les autres, sans aucune distinction. Un jeune sacrieur, agent de Brâkmar, a confirmé que l’épidémie était née sur Otomaï. Ici. »

Elle pointa l’arbre Hakam du doigt, tandis que la jeune eniripsa, tremblotante, était devenue livide. Son mari regarda le maire, lui murmura quelques mots, et les deux reprirent l’escalier qui nous avait mené jusqu’ici.

« Je reste en contact avec cet agent. Vous pouvez aussi le contacter. » Elle nous tendit un parchemin, indiquant toutes les informations nécessaires pour contacter cet ennemi, exceptionnellement allié. « Concernant l’homme dont parle Amayiro dans sa missive, je n’ai absolument aucune idée de son identité… »

Le maire nous donna encore cinq autres parchemins, puis nous sortîmes de la bâtisse. L’énutrof m’indiqua que le nom « Alcofriles » lui faisait penser à alcool, et qu’il avait soif. Je le vis se diriger vers la taverne, puis disparaitre sous la neige qui tombait plus intensément. Je pris la direction de ma maison, voisine à l’atelier des alchimistes. La nuit tombait, il fallait que je me repose. Je vivais sans doute mes dernières heures de calme, avant un bon moment…

[A suivre...]
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MessageSujet: Re: La mort noire.   La mort noire. EmptyDim 3 Fév - 15:56


Je regagnais ma maison et fis chauffer de l’eau. Je m’ébrouais rapidement, mais ne pris pas la peine de me sécher entièrement. Après avoir réduit en poudre quelques graines de froztiz et fait bouillir une poignée de perce neiges, je fis infuser le tout. La boisson avait pour effet de me détendre, parfois même de m'endormir, et les graines de frostiz donnaient un goût cacaoté au breuvage. Ecaflip dans l’âme, j’ajoutais une touche de lait et un peu de miel, pour la douceur. La mixture liquide chauffa près d’une dizaine de minutes, durant lesquelles j’étais montée à l’étage et avais déposé sur le tapis de laine de sanglacier les cinq parchemins que le maire m’avait confié. Je récupérais le doux breuvage, remontais à l’étage et déroulais les premiers parchemins, tout en sirotant ma boisson. Le premier contenait le cachet de la milice de Bonta, et m’était adressé personnellement. La lettre détaillait exactement les faits, la propagation de la pestilence, les soupçons portés sur la cité démoniaque pour créer un virus qui détruirait leurs ennemis. Amayiro imaginait que les expériences avait échappé au contrôle des Brakmariens, mais il utilisait encore de nombreuses suppositions.

La lettre terminée, j’ouvris un second parchemin, plié de manière barbare. L’écriture manuscrite, presque illisible, m’était familière. Turia, la petite sœur de mon amie éniripsa, m’avait écrit une lettre. Elle luttait contre le fléau à Bonta, avec les alchimistes et apothicaires de la grande cité, mais l’encre, de très mauvaise qualité, avait coulé. Elle m’indiquait sans doute l’état des recherches dans la cité des anges, mais il m’était tout bonnement impossible de la décrypter. Elle écrivait déjà très mal à l’accoutumée, mais c’était encore pire dans cette lettre. Je la rangeai précieusement dans un des tiroirs de ma commode.

Le breuvage terminé, je posai ma tasse et ouvris le troisième parchemin. Celui-ci était signé par notre maire, elle m’indiquait que mon domicile serait mis à contribution dans cette affaire. En effet, le sacrieur dont elle avait mentionné le nom devrait sans doute loger quelques jours sur Frigost, et la taverne affichant complet -les vacanciers venus visiter Frigost n’avaient pas pu retourner en Amakna- elle me demandait de bien vouloir offrir le gîte et le couvert à cet allié. Je grimaçais, l’idée que ma demeure abrite un démon ne m’enchantait guère. Je me relevais et refis une grande dose de thé de perce-neige, frostiz, lait et miel, j’avais besoin d’un remontant. Tendue, je repris la lecture du troisième parchemin, qui s’avérait être une nouvelle plutôt désagréable. Je savais pourtant pertinemment que par ce froid, aucun habitant du continent ne pouvait survivre sur notre grande île enneigée. Le reste de la lettre n’était que banalités, m’indiquant que je serais dédommagée pour la gêne occasionnée. Je pris une bonne lampée de ma boisson qui était enfin prête, j’avais quelque chose en travers de la gorge. Sans doute cette mauvaise nouvelle. Peut être aussi une touffe de poils. Le doux breuvage déployait enfin ses effets. Mes muscles se détendirent, mes yeux s’alourdirent. En regardant par la fenêtre, je remarquai que le soleil venait de se coucher. Par obligation, je ne verrouillai pas ma porte d’entrée, puis, je me blottis dans mes chaudes couvertures. Je m’endormis sans me soucier davantage de la présence de cet étranger chez moi, peut-être serait-il amical, finalement.

J’ouvris les yeux, il se passait des choses anormales chez moi. Je l’avais entendu entrer, puis se rendre dans ma cave. Son pas était extrêmement léger mais mes sens et ma perception étaient aiguisés. À présent, il remontait vers moi, et escaladais rapidement le sol jusqu’au grenier. Il ne m’avait pas encore vu. Immobile, je feignais le sommeil, mais mes deux yeux luisants auraient pu me trahir, pour quelqu’un à l’œil affuté. Ce sacrieur n’était sans doute pas observateur, il passa de nouveau devant moi. Il venait de comprendre que je me trouvais dans un des deux lits, et avait remarqué mes petites ailes blanches et argentées. Mon cœur tambourinait à présent dans ma poitrine, il venait de sortir son arme. Je m’efforçai de contrôler ma respiration, exercice difficile étant donné la situation dans laquelle je m’étais fourrée. Après réflexion, j’aurais dû rester éveillée et accueillir cet ennemi. Il n’allait tout de même pas attaquer son hôte ? Je l’entendis me contourner, gagner le second lit. Il ne s’y attendait pas, je bondis derrière lui, agrippant mon arme dans le but de me protéger. Je le voyais enfin, de dos. C’était bel et bien le démon dont on m’avait parlé. Il était, à l’image de sa race, grand, musclé, et décoré de nombreuses balafres. Deux immenses ailes mêlant rouge et noir s’échappaient de son dos, m’indiquant que je devais me méfier de ce puissant personnage. Ses cheveux dorés emmêlés tombaient légèrement sur ses épaules.
Il avait remarqué mon manège et se tourna, me faisant face. Une tension très forte était palpable dans la pièce. Ses deux yeux vides me traversèrent, m’intimidèrent, me transpercèrent. Je tentais de ne rien laisser paraître de ma frayeur et lui demandai de décliner son identité. Snob, il ne me prêta pas attention, ce qui eut pour seul effet de m’effrayer. Alors qu’il se retourna pour s’aliter, surprise de sa réaction, je lui assénais un léger coup d’épée dans le dos, plus pour le mettre en garde que pour le blesser réellement. Je ne savais rien de lui, mais aurais dû m’y prendre autrement pour en apprendre davantage. Je regrettais déjà le coup porté, subi comme une agression par l’inconnu. Il se retourna et m’empoigna par la taille. Aucune échappatoire. Aucun moyen de lutter face à cette masse de muscles. Les battements de mon cœur étaient à leur summum, mais ça ne dura pas longtemps. Il me propulsa contre un des murs de ma chambre, et m'écrasant contre une malle, je m’évanouis instantanément.

Mes oreilles bourdonnaient, j’avais mal à la tête. Effrayée, je bondis jusqu’au rez-de-chaussée et agrippais un miroir, pour contrôler la couleur de mon visage. Tout était normal, aucun signes de la maladie. Mes céphalées étaient sans doute dues au coup pris la veille. Tout me revenait à présent. Le sacrieur ! Était-il encore dans ma chambre ? Je me glissais au premier étage et le remarquais, paisiblement assoupi. La querelle de la veille n’avait pas dû l’atteindre. Je regagnais la salle de vie et fis chauffer de nouveau du thé. Il faisait encore nuit dehors. Je glissai mon breuvage dans une contenant, afin d’en avoir sur moi pour toute la matinée. J’avalai aussi un morceau de pain et déguerpis, ne souhaitant pas recroiser l’intrus.

Je pris la direction de la bibliothèque, je n’avais pas oublié la lettre de Turia. J’espérais que le bibliothécaire saurait la décrypter. Je ne m’attardais pas à admirer la grande bibliothèque, je m’engouffrais à l’étage, et demandais des renseignements à l’homme qui trônait dans la pièce.

« Ce charabia ? Je ne peux pas le décrypter, rendez vous plutôt à la tour des archives, Hugo Frais pourra vous aider, il a l’habitude de lire les textes anciens. Ah, et un homme dénommé … Alcofriles ? Jamais entendu parler. »

Je repris donc ma recherche, quelques rues plus loin…

[A suivre ...]
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MessageSujet: Re: La mort noire.   La mort noire. EmptyLun 4 Fév - 2:25

Je n’eus cependant pas le temps de rejoindre la tour des archives, j’entendis qu’on m’appelait, sous le mot « écatte ». Je me retournais, poussant un léger grommellement, et reconnus un visage familier. Le sacrieur. Je ne sais comment, il m’avait retrouvé, et il me barrait la route. Il s’excusa d’abord pour la querelle de la veille, et me demanda s’il ne m’avait pas trop abimé avec le coup qu’il m’avait asséné, tout en m’empoignant par l’épaule. Le trouvant trop proche de moi, j’extirpais mon épaule de sa puissante main. Bien trop fière pour avouer que son coup m’avais arraché la moitié de la boite crânienne, je répondis un bref « non » avant de tourner les talons, le plantant dans la rue enneigée. Je me doutais qu’il me suivrait, aussi, je bondis sur les toits, me servant de ma queue comme d’un balancier pour tenir l’équilibre qui me ferait arriver à destination. D’ailleurs, j’y étais déjà. Je pris soin de regarder partout avant de descendre du toit, je déboulais dans la tour et m’empressai de questionner le jeune archiviste. Il récupéra la lettre de Turia et commença un travail de paléographie. Après quelques minutes d’une intense observation, il me remit la lettre réécrite au propre. Je le remerciai, la survolais rapidement des yeux sans laisser transparaître d’émotions, et lui demandai s’il n’avait pas connaissance d’un dénommé Alcofriles. D’un air désolé, il me fit signe de la tête. Alors que je m’apprêtais à errer en cherchant de nouvelles idées, il me désigna une étagère.

« C’est classé par ordre alphabétique ici. Si votre érudit a écrit quelque chose, il y en a sans doute un exemplaire ici. »

C’était ma veine ! Après un rapide coup d’œil sur les ouvrages, j’en trouvais un correspondant. Je demandais à l’emprunter, je souhaitais le consulter au calme. Il accepta après avoir vu mon unique référence et garant : Amayiro. Je voulais rentrer chez moi afin de consulter les deux parchemins que je n’avais pas ouvert le jour précédent, mais je n’avais plus de lait, la seule boisson de l’écaflip. Je me mis en marche vers la taverne, qui était devenue une échoppe pour l’occasion. C’était là qu’on s’y ravitaillait depuis le début de l’épidémie. J’entrais dans le grand lieu, au moins aussi bruyant que les jours de fête. Me dirigeant vers le comptoir, je compris immédiatement que le lait ne serait pas pour tout de suite. Un crâ légèrement efféminé passait commande…

« J’ai pas …
- Hum … Alors je prendrais une chope d’ambroisie adoucie d’une gelée royale menthe et tiédie au feu de frêne.
- J’ai pas.
- Hé bien une timbale de nectar relevé à l’edelweiss… mais au shaker, hein ? Pas à la cuillère !
- J’ai pas.
- Alors un verre d’eau sucrée avec une fine lamelle de citron et une feuille de menthe…
- J’AI PAS.
-Alors un verre d’eau ? »


Le tavernier perdait patience, et moi aussi, à vrai dire. Le crâ commanda finalement une bière, comme tout le monde. J’eus ma commande rapidement, et embarquait les deux bouteilles avec moi. En sortant, j’aperçus, de l’autre coté de la rue, cet empêcheur de tourner en rond. Le sacrieur me faisait dos mais la fraiche cicatrice qu’il portait ne trompait pas. C’était lui, et dans le but de l’éviter, je pris un chemin légèrement plus long pour regagner ma bâtisse.

« Ah ! Tu es là. »

Hé merde. Je pensais avoir été discrète, mais il m’avait finalement retrouvée. Tout en entrant dans la maison, il me fusilla du regard avant de me suivre.

« On diwais que tu me fuis ! J’ai des questions à te posew…
- J’ai du travail, pas maintenant ! Et toi, tu n’es pas censé trouver un remède contre ce fléau qui tue mes sœurs ? »

Je bouillais intérieurement. La lettre de Turia m'avait indiqué qu’aucun remède, ni aucunes pistes n’avaient été trouvées à Bonta. Elle m’avait aussi appris que la jeune sramette était malade et n’en avait plus que pour quelques heures. Ce stupide sacrieur avait enfin compris que quelque chose n’allait pas, et tenta de me prendre dans ses bras. J’esquivais son étreinte en me rendant au sous sol, une bouteille de lait à la main. Il me talonnait. Je remplis aux trois quarts une bouteille vide avec du rhum de qualité présent dans l’un de mes tonneaux et fis le complément avec un quart de lait. J’avalais une gorgée de la boisson alcoolisée qui avait pris une teinte étrange, mais le jeune homme m’empêcha de continuer. Je me braquais, je n’avais aucune envie de discuter avec cet inconnu. Je voyais bien qu’il faisait des efforts, et ça lui coutait sans doute, mais seule la santé d’Aturia et de sa petite sœur comptaient. Alors qu’il m’observait, le regard vide, je profitais de cette légère absence pour récupérer ma bouteille d’alcool.

Je bondis hors de la cave et m’enfermais finalement au grenier, avant qu’il n’eut le temps de réagir. J’eus le loisir de terminer ma bouteille avant qu’il ne réussisse à forcer la trappe qui m’isolait. Ses muscles eurent raison de la sécurité qui me protégeait et il me rejoignit finalement, constatant avec horreur que j’avais fini la bouteille. J’avais un peu chaud, mais étais toujours aussi déboussolée, perdue entre deux sentiments distants. Haine et tristesse. Assise dos au mur, je le vis s’approcher de moi et me parler doucement, mais je ne compris rien de son langage. J’aurais sans doute dû boire plus modérément, mais je lui répondais tout de même, ne voulant pas le vexer. J’essayais de faire moi aussi des efforts, chose peu aisée vu mon état. Mes yeux étaient lourds. Ma tête bourdonnait. Maintenant, j’avais bien envie d’un câlin, mais je n’allais tout de même pas en réclamer un… Et lui continuait à me parler. Est-ce qu’il me posait les questions qu’il avait en tête ? Me sermonnait-il pour mon comportement indigne d’une jeune demoiselle ? Je n’en savais franchement rien. Ne pouvant plus lutter, je m’endormis finalement contre le mur de la pièce, oubliant ainsi une bonne partie de ma désastreuse soirée.
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MessageSujet: Re: La mort noire.   La mort noire. EmptyLun 4 Fév - 15:57

Des cris retentirent dans la cité. La maladie. Une vague contaminait la population. Chacun alluma une torche, pour purifier l’air, pour faire fuir le mal. Chaque habitant brûla de l’encens ou des herbes odorantes. Partout, le riche et le pauvre mourraient. Les fripouilles priaient, les bigots s’alcoolisaient. L’air avait pris une teinte sombre, et s’infiltrait partout. Le mal avait le monde à ses pieds. Tous étaient jetés dans les fosses communes. Le monstre ne provenait pas de la nature, cette si belle chose n’avait pas pu créer pareille horreur. Le démon posa les yeux sur moi. Il avait détruis mes deux sœurs. Il s’attaquait dorénavant à la partie la plus complexe de son plan. Une lutte contre le froid frigostien, un dernier combat, perdu d’avance par l’homme. Il me traversa, me contaminant. Je ne pus retenir un cri.

« Hé… weste twanquille… »

Je m’éveillais en nage, dans les bras du sacrieur. Sa voix suave me calmai, je réalisai peu à peu que la contamination de Frigost n’était qu’un cauchemar. Passé le traumatisme d’un rêve potentiellement prémonitoire, je remarquais une odeur qui ne m’était pas inconnue. C’était son odeur, je l’avais déjà reniflée avant. Nous nous étions déjà rencontrés, mais je n’avais aucun souvenir des circonstances, et n’osai l’interroger ; il s’était sans doute déjà rendormi. J’avais la migraine, sans doute due à ma consommation d’alcool, quelques heures auparavant. Le sacrieur m’avait sans doute déplacé jusque mon lit, et en frottant mes deux pieds l’un contre l’autre, je compris que son intention de dormir à mes côtés était louable. Mes pieds, endoloris par le froid, me faisaient légèrement souffrir. Je n’osai imaginer l’état dans lequel je me serai réveillée s’il ne m’avait pas porté secours. Je peinais à retrouvais le sommeil mais étais prisonnière des bras du jeune homme. Afin de s’assurer mon bien être, il m’avait fermement enlacé.

[…]
Je m’extirpai difficilement de mon lit mais y parvins finalement, et gagnai la pièce à vivre. Je fis chauffer un peu de lait agrémenté de perce neige, qui donnaient, étrangement, un léger goût mentholé. Après avoir bu le tout, j’attrapais l’ouvrage d’Alcofriles, dans le but de trouver d’éventuelles traces passées d’une pareille épidémie.

De medica. Libris I. Alcofriles Nettrel.


Le titre m’indiquait que l’auteur de l’ouvrage était bien l’homme dont Amayiro avait mentionné le nom. Je tournai quelques pages, consultais le sommaire et commençais une lecture attentive.

Maladyes Cimiques.
Nombre maladyes provenoient de nostre bien aymée dame Nature. Il existoit cependant bien des maux conçus par l’homme et la cimie. Voicy moult exemples danz lesquelz l’homme eust un roole de première importance.


J’avais du mal à saisir la totalité des mots, mais il s’ensuivait une série d’extraits de journaux. L’un attira particulièrement mon attention.

13 juinssidor 478.
Ce matin, le maistre m’a mandé de concevoir un mal pouvant terrasser nos ennemis, dans le but de conquérir leurs terres. Je fust contrainct d’accepter, ma vie n’éstoit plus guarantie sy je refusois.
2 septange 478.
Les premières observations sont concluantes ; la maladye se propage à grande vitesse sur nos pyous de laboratoyre. Le maistre veut la tester immesdiatement sur nos ennemis. Je crayns cependant que la maladye ne nous eschappe, et rechersche en parallèle un antydote.
5 septange 478.
Après moult essays, il s’avère que le mal ne se transmet pas aux champs-champs, immunysés sans doubte par leurs poysons. Un vaccyn peut probablement estre conçu à partir de leur phlegme.


Ils avaient réussi à maintenir leur épidémie en testant sur d’autres monstres leur création. Il fallait que je réfléchisse à cette méthode. Obtenir la maladie affaiblie et l’inoculer sur les monstres de frigost, et comparer le taux de mortalité. Ces recherches prendraient sans doute des mois et je ne pouvais pas contaminer l’île. Je sortis de mes pensées rapidement, entendant du bruit à l’étage.

Le sacrieur descendait l’escalier en bois, qui grinça sous le poids de ses muscles. Je lui tendis une tasse de lait et lui reparlais de ses recherches, l’interrogeant sur ce qu’il pratiquait en laboratoire.

[A suivre...]
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MessageSujet: Re: La mort noire.   La mort noire. EmptyMar 5 Fév - 14:04

Nous discutâmes un instant, il m’informa que ses recherches n’avançaient pas, et que bientôt, Bonta ne serait qu’une ville fantôme. J’étais décontenancée, il en profita pour sortir. Je pensais à mes sœurs, effectivement. Mais ce qui m’avait le plus surpris, c’est qu’il parle de Bonta comme ça. Il était membre de Brakmâr, et personellement, je me fichais bien du sort de la ville de sang, du moment que la cité à laquelle j’avais fait allégeance était sauve. Pourquoi s’intéressait-il à Bonta ? Je flairais un mauvais coup et décidais de me méfier de cet étrange personnage.

Le soleil allait se lever, on pouvait deviner la luminosité naissante dans le ciel Frigostien. Deux parchemins n’avaient pas encore été décachetés et je ne m’en souvenais que maintenant. Le jeune ennemi avait créé un désordre dans ma vie qui me déplaisait légèrement, mais je relativisais les choses. Je décachetais la première lettre, des mots en écaflip ancien apparurent sous mes yeux. Je savais les lire mais n’en comprenais pas le sens. Le second était un mot d’Amayiro. Au vu de ce qui m’était arrivé ces derniers jours, il fallait que je parle de mes découvertes à Amayiro. Il fallait que je le rejoigne.

Je recouvris mon corps d’une grande cape noire, et d’une capuche que je rabaissais sur ma tête, me munis de l’ouvrage d’Alcofriles, de mes lettres et d’une potion de foyer, puis me rendis au port. Le théâtre qui s’offrait à moi était désolant : des marchands venus du continent étaient bloqués en pleine mer, ceux qui s’approchaient trop de l’île étaient bombardés. On pouvait remarquer de nombreuses épaves et des planches de bois, prisonnières de la mer qui avait gelé par-dessus. Les navires étaient immobilisés, mais la quarantaine était à sens unique : nous pouvions sortir si nous en avions envie, mais nous ne pouvions plus rentrer par la suite sur l’île enneigée.

Je récupérais une vieille périssoire, et embarquais, silencieuse. Il fallait que j’évite de me faire repérer, chose plutôt aisée alors que le soleil donnait ses premiers rayons. Personne ne remarqua mon manège, ou du moins n’aurait su m’identifier, du fait que ma capuche cachait mon visage aux trois-quarts. Je quittai le port sans encombre sur ma petite barque. Arrivée à une certaine distance du port, je dépliai le parchemin incompréhensible, confiée par Amayiro.

« მინდა შევუერთდე ჩემს სამაგისტრო »

Instantanément, je me retrouvais dans une vieille bâtisse, Amayiro m’attendait.

« Bonjour Adre. Tu ne t’es pas fait remarquer, j’espère ? Tu auras bien du mal à regagner Frigost si on t’a vu en sortir…
- J’ai fait de mon mieux, et malgré la pénurie de potions de foyer qui sévit depuis quelques semaines, j’avais prévu un petit stock. »


J’esquissais un sourire. Je me savais en sécurité, le petit îlot était inconnu par la plupart du commun des mortels, et était surtout utilisé comme planque par d’importants personnages de la milice bontarienne. J’étais flattée de me trouver parmi eux ; ils me considéraient comme une alliée de confiance. Je m’entretins longuement avec le chef de la milice angélique, nous cherchions un moyen d’inoculer la bactérie aux monstres de Frigost, sans pour autant contaminer l’île. Il m’indiqua que je pouvais éventuellement envoyer des monstres frigostiens à Bonta, afin d’observer les réactions, mais encore fallait il trouver personne dévouée pour faire le chemin, et sacrifier son existence. Nous passâmes une bonne partie de la journée à discuter, parfois en compagnie d’autres membres de choix de la milice, et je donnais une lettre à deux miliciens qui devaient se rendre à Frigost en fin de journée. Après leur départ, j’exposais au nez d’Amayiro l’ouvrage d’Alcofriles, il me demanda s’il pouvait le garder. J’acquiesçais, et regardai le soleil, qui était à son déclin.

***

Nous avions réussi à emprunter le transporteur brigandin. Nous rentrâmes vers la bourgade. Nous avions une description, mais pas de nom, ce qui était peu commode pour mettre la main sur l’individu. Nous décidâmes de nous séparer, mon collègue se dirigea vers l’atelier des alchimistes tandis que je me rendais vers la taverne. Aucun personnage ne correspondait à la description. Il fallait le trouver, mais notre mission était probablement vouée à l’échec. « Vous pourrez pas le rater ! » Bah voyons. C’était facile à dire, mais en pratique, on galérait un peu plus. Une heure plus tard, je retrouvais mon compagnon, qui n’avait pu mettre la main sur le bougre que nous recherchions. « Il n’est peut être pas dans la bourgade… » Il se dirigea vers la sortie ouest tandis que j’empruntais la sortie nord. Je l’avais trouvé, ce démon. Vu comment il était bâti, j’espérais sa coopération.
« Halte ! »


***
Le soleil n’allait pas tarder à disparaitre. Je remis ma capuche et saluai Amayiro. Il inclina la tête, l’air grave, en signe d'au revoir. Je me pinçai les lèvres, sans pour autant regretter mes derniers mots. Je sortis de la bâtisse, posai mon regard sur la plage de sable blanc et avalai la potion de foyer.

Arrivée chez moi, je détachais ma cape noire, demandant si quelqu’un était là. Personne. Je fouillai rapidement l’atelier des alchimistes, encore une fois en vain. Je galopais à présent dans les rues. J’espérais que tout se déroule selon mon plan, mais ne réussissais pas à le retrouver. Je me dirigeai vers les champs de frostiz, mais me stoppai net. Il était là, luttait contre les deux miliciens qu’il avait déjà sacrément amoché. Je me remis à courir, bondis et m’interposai, faisant tomber le sacrieur dans la neige tassée, et me prenant un coup par la même occasion. Peu importe, je ne voulais pas que les deux hommes qui m’avaient aidé souffrent davantage. Il se débattait mais revins à la raison en me voyant. « Adwe, écawte toi. » Il en était hors de question. Je déposais ma griffe pourpre au sol afin de le mettre en confiance, et lui fis lâcher son arme avant de la déposer sur le sol, elle aussi. Je lui expliquais avoir payé les deux miliciens pour le retrouver, et, jetant une bourse bien garnie de kamas ainsi que deux potions de sang de phœnix, leur donnais congé par un regard.

Le sacrieur me regardait, tendu. Il m’en voulait sans doute de lui avoir causé du souci, mais j’avais autre chose à lui dire, sans savoir vraiment comment m’y prendre. Il me regardait dorénavant intensément, attendant mes propos.

« Je suis désolée… Je pars. Il ne comprenait pas vraiment, et c’est vrai que, balbutiant, j’étais un peu mystérieuse. Je te laisse avancer dans tes recherches et bénéficier de ma maison tant que tu le souhaite. Je me rends à Bonta, avec quelques monstres de Frigost. Pour faire des tests. Amayiro soutient mon projet, j’ai son aval, et ne veux pas imposer une telle mission à quelqu’un d’autre. Adieu. »

Je tournai le dos à cet ennemi, allié occasionnel, qui était sans doute la dernière chance de s’en tirer pour notre cité et le monde des douze, et que j'avais probablement vu pour la dernière fois.

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MessageSujet: Re: La mort noire.   La mort noire. EmptyMer 6 Fév - 12:34

Le jeune homme m’avait aggripé le bras. Je me retournai vivement, il venait de serrer sa main sur ma blessure, fraichement acquise par un coup de hache involontaire d’un des miliciens. Il ne l’avait probablement pas vu. Je me retournai rapidement vers lui, il me lâcha sans même remarquer sa main tachée de mon sang. « J’ai mis au point un antidote à base de pewce neige. » Je devins livide : j’avais face à moi le jeune homme, les yeux brillants, qui se proposait de m’accompagner à Bonta pour y guérir les citoyens, en y fabriquant, là bas même, l’antidote. Je n’en crus pas mes yeux, et grimaçai. Ce que j’entendais ne me plaisait pas, et je lui fis comprendre mon mécontentement, m’énervant de plus en plus.

« Turia est malade, elle a choppé cette saloperie et m’a écrit une lettre quatre jour après avoir contracté le virus. Et pourtant, elle prend un traitement à base de perce neige pour dégager ses bronches et lui éviter des crises d’asthme ! Je lui criai dessus de plus en plus fort, on pouvait deviner quelques goutes de sueur perler sur son front, ses yeux ne quittaient pas les miens. Je me remémorais les quelques mots du maire, peu de jours auparavant. *Ne cédez pas aux charlatans qui volent les honnêtes gens en vendant divers grigris et potions inefficaces.* J’avais l’impression qu’il se foutait littéralement de moi. Il tenta de me calmer et de m’approcher, mais je dégainais ma griffe pourpre, l’incitant à reculer, et tout en continuant de vociférer. Charlatan ! Tu me mens depuis le début !! Je ne sais pas ce que tu attends de moi mais je ne veux plus avoir affaire à toi, monstre ! »

Il n’eut le temps de dire mot, en deux gestes précis, j’avais sorti une potion de foyer et l’engloutis, me retrouvant instantanément chez moi. A vrai dire, ma maison n’était qu’à quelques rues de l’entrée nord de la ville, mais il fallait que je gagne du temps, je ne voulais pas qu’il me piste, ce menteur voulait autre chose. Je me doutais qu’il ne tarderait pas à débouler, et, une fois apparue sur le pas de ma porte, je la verrouillais et bondis rapidement jusqu’au grenier. J’ouvris fébrilement mon coffre, encore choquée par ce que je venais de vivre. Je ne pouvais pas avoir confiance en cet ennemi. Je récupérais quelques pierres d’âmes pleines, que j’avais auparavant entreposé dans le coffre.

Il était là. Je l’entendis enfoncer ma porte d’entrée, qui ne résista pas longtemps. Il grimpa les marches en quelques secondes d’un pas lourd. Voilà. Il était devant l’escalier, me bloquait le passage. J’attrapais une potion de cité, mais… Non ! Impossible ! Je n’avais plus aucune potion attachée à ma ceinture, et les autres étaient stockées dans le coffre du rez-de-chaussée. Je cherchais une solution, mais l’imposant sacrieur fit un pas vers moi. A contrecœur, je bondis sur l’oculus, brisant le verre et me retrouvant dehors, sur les briques bleutées de mon toit. Le jeune homme me suivit en empruntant, lui aussi, la lucarne. J’eus à peine le temps de déplier un parchemin qu’il m’attira. A quelques mètres de lui et dans un geste désespéré, alors que son sort n’était plus efficace, je bondis tête la première vers le sol enneigé. Je savais qu’il ne me suivrait pas dans cette chute de presque dix mètres. Le parchemin dans la main, je prononçai les quelques mots inscrits en écaflip ancien, et disparus sous ses yeux impuissants.

J’apparus devant une vieille bâtisse blanche. Celle que j’avais quitté presque une heure auparavant. Surpris de me voir, Amayiro me demanda d’où je venais, effrayé par mon teint livide. « Tu n’as pas contracté le virus, au moins ? » Il n’y avait aucun risque que ça arrive, je n’avais pas encore mis pied sur un continent infecté. Je demandais une potion de citée à l’homme en qui j’avais confiance, il accéda à ma requête. Je lui fis mes adieux, lui promettant de tout tenter pour éradiquer le mal, et me rendis dans la ville des anges.

Aturia m’avait menti, le spectacle qui s’offrait à moi, dans la milice, était atroce. Bien pire que ce qu’elle m’avait raconté, sans doute pour me préserver. La première chose qui me frappa, c’était la puanteur. La ville sentait le cadavre en décomposition, les chairs humaines, le sang, les déjections et débris, la boue, le vomi, les excréments. Ces odeurs me tiraient des hauts le cœur. Je tremblais, la milice n’était qu’une petite partie du théâtre mortel qui se jouait dans la ville. Les cadavres étaient en décomposition, entassés les uns sur les autres. Quelques hommes avaient sans doute tentés de les brûler pour éviter que leurs parasites se propagent aux vivants, rendant ces morts encore plus effroyables à regarder ; les cadavres ne brûlaient pas très bien. Les vers rongeaient les nourrissons tant que les vieillards, les mouches habituellement peu présentes dans la ville s’étaient soudainement démultipliées. Je n’osais faire un pas. Le sol, habituellement si propre, était couvert d’une couche de débris, de boue, d’excréments, de sang et bien sur, des morts qui n’avaient pas été enterrés. La nuit donnait une teinte lugubre au spectacle. Après quelques minutes, hagarde, je décidai de me rendre chez mon amie Aturia, afin de s’assurer qu’elle n’était pas malade. Alchimiste, elle pourrait m’aider à étudier le comportement des monstres face aux miasmes.
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