La suite ...

Dagues dégainées, la silhouette fit un bond de plusieurs mètres vers le haut, pour retomber nez à nez avec le mulou. Rapide comme l’éclair, les dagues s’enfoncèrent dans la chair du monstre, avant de ressortir à nouveau dans une gerbe de sang. Le mulou, rapide, attaqua crocs et griffes vers la frêle Sramette, qui n’était déjà plus là. Les yeux écarquillés, le mulou dont la plaie béante commençait déjà à affaiblir les réflexes tourna sur lui-même à la recherche de sa proie. Celle-ci l’observait, à quelques mètres de lui, un sourire carnassier aux lèvres et avant même que le monstre n’ait pu prendre une décision, une dague vola à toute vitesse vers lui, pour s’enfoncer profondément dans son œil, et l’éborgner à vie. Ou plutôt, pour le court restant de vie qui lui restait, car déjà, la gracieuse sramette bondissait vers lui …

...

Le Mulou s'effondra dans un râle, la gorge traversée d'une infernale et mortelle blessure. Poussant un soupir, la sramette remit ses dagues au fourreau après les avoir machinalement nettoyés à l'aide d'une touffe d'herbe. Son coeur reprit lentement une allure saine, et elle essuya une petite goutte de transpiration sur son front.
- Solide, celui-là, chuchota-t-elle en fronçant les sourcils. Va falloir que je reprenne mes bonnes vieilles habitudes ... Mais où est passé ce foutu cra ?
- C'est bon, j'arrive, j'arrive, fit une voie masculine derrière un buisson. C'est de ta faute, aussi, pourquoi t'attaquer à une bestiole pareille sans moi ?!
- Euhm ... les flèches entre les fesses, ça fait mal.
Le cra secoua la tête en reprit son chemin, sans un regard de plus à Leiyoh, qui, trainant les pieds, le suivit.

Ils traversèrent ainsi une forêt pendant plusieurs kilomètres, s'arrêtant de temps à autre pour laisser passer un sanglier et ses marcassins, éviter d'attirer l'attention d'un prespic inutilement, ou pour cueillir un trèfle à quatre feuilles devenu rare depuis l'expansion de la race à cinq feuilles. En fin de matinée, ils quittèrent le couvert des arbres pour se retrouver sur le territoire des Porkass. Le soleil était déjà très haut, et le fromage fondait lentement entre les tranches de pains de leurs sandwichs, tandis que leurs gourdes se vidaient au fur et à mesure des kilomètres. Arrivant près d'un petit lac, et apercevant un petit bosquet pouvant fournir de l'ombre, ils décidèrent de s'y arrêter par un regard entendu.
- Il fait chaud, ici ... pfou ...
- Ouaip, répondit la sramette sans conviction.
- On est bientôt à Bonta, tu penses ?
- Nope, continua-t-elle, méprisante.
- Hey, tu pourrais être plus sympa !
- Je me méfie des cras ! Ce sont des lâches !
- Et toi, hein, et toi ? Quand tu disparais pour réapparaître dans le dos pour leur foutre une raclée ?
- Ouais, bon, ... vu comme ça ... Mais ça ne change rien. Je n'arrive pas à te faire confiance, le sujet est clos, on doit repartir.
- J'ai même pas eu le temps de sortir mon sandwich ! Pfff !
- D'accord, c'est bon, vas-y ! Mais tu n'ouvre que la bouche pour manger, sinon je te cloue le bec !

Et tandis qu'ils se bouffaient le nez, une étrange créature bouffait un Porkass à quelques mètres seulement d'eux. Petite, de couleur noire, cachée derrière un buisson, elle semblait sucer le sang de sa victime telle un vampyre l'aurait fait ... Alors qu'elle aspirait avec dilection les dernières gouttes, son oreille se tendit à l'écoute des deux nouvelles proies inconscientes du danger qui les guettait ...

EDIT : j'ai remis le début (qui vient de ma candid') pour que qui ne l'ont pas lue.

Soudain, la créature eut l'idée saugrenue de disparaître, pour réapparaître - avec le craquement typique des téléportations - en plein sur les cheveux de Leiyoh. Cette dernière ne put retenir un cri de surprise, voire de terreur, même, ce qui fit tomber le cra à la renverse, tellement ce fut terrible. Il se bouche les oreilles avec force alors que les cordes vocales de la sramette atteignirent le maximum de leur puissance :
- IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIH !

Rapide comme l'éclair, la surprise étant passée, elle se débarrassa de son agresseur en donnant un grand coup de bras au dessus de sa tête, et saisit sa dague. L'étrange créature fut projetée quelques mètres en arrière et roula trois fois sur elle-même avant de se stabiliser avec peine. C'était une bestiole à longues oreilles, aux dents proéminentes, avec du sang plein la bouche et un regard fou brillant de sadisme ... Le cra encocha une flèche et mit la bestiole en joue, tremblant comme une feuille.
- Euh ... on fait quoi ? demanda-t-il, alors que la situation semblait dans une impasse.

Le wabbit vampyre semblait marquer une légère hésitation à passer à l'attaque : l'effet de surprise s'étant avéré inefficace, il devrait à présent compter sur la vitesse et la douleur qu'infligeraient ses coups pour l'emporter. L'adversaire de gauche semblait tenir une arme qui pourrait le toucher de loin. Il avait déjà combattu ce genre de créatures, et savait qu'ils pouvaient lancer des projectiles à une distance incroyable, et puis prendre leur jambes à leur cou à une vitesse affolante. Celle de droite était une de ces salopes qui se rendait invisible quand elle se sentait en danger, et qui n'hésitait pas à frapper dans le dos ... Décidément, l'attaque semblait bien compromise pour le pauvre wabbit.

Leiyoh, quant à elle, se retenait de pouffer, tellement la situation était ridicule. Elle se tenait en face d'un wabbit très étrange qui lui arrivait à peine au genou, et elle avait hurlé comme une gamine de huit ans quand elle l'avait senti dans ses cheveux. La sramette rougit de honte et de rage, tout en savourant sa prochaine vengeance. Elle marmonna en même temps de fléchir les genoux pour passer à l'attaque :
- On ne touche pas à mes cheveux impunément, sale bête !

Le cra voyait ses yeux passer de l'un à l'autre, comme s'il avait à faire à une conversation de regards. Le wabbit avait l'air terrible, avec la malice qui brillait au fond de ses yeux, tandis que Leiyoh semblait enragée, et prête à tout pour en découdre avec son adversaire. Il décida de débander son arc, et de reculer de quelques pas, histoire de profiter un maximum de l'affrontement qui allait venir. Il savait que la jeune sramette avait horreur des wabbits, et qu'en avoir un dans les cheveux était sans doute son pire cauchemar. La pauvre créature allait se faire réduire en bouillie par la sramette en furie !

Continuant à se toiser, les deux adversaires firent abstraction du reste. Ils semblaient tellement concentrés que même le bruissement des arbres se taisait pour eux. Les oiseaux ne bougèrent plus, et le monde ne fut que calme et paix pendant quelques instants. L'un d'eux allait mourir, et ils le savaient. Leiyoh était sûre d'elle, mais refusait de sous-estimer le wabbit. Le wabbit, quant à lui, pouvait se déplacer extrêmement vite, et empoisonner quiconque se faisait mordre par lui. Toutefois, il savait que la sramette avait plus d'un tour dans son sac ...

Un grand silence pesa pendant plusieurs secondes. On pouvait entendre respirer les combattants, et l'air était électrique...

Puis, soudain, un mouvement. Un éclair. Les deux adversaires bondirent l'un vers l'autre, parcourant la distance qui les séparait à une vitesse surnaturelle, quasiment invisibles qu'ils étaient, même pour l'oeil exercé du cra qui, ahuri, les regardait foncer droit devant eux. Le choc qui en résulta fut digne de celui que pourrait faire incarnam, s'il venait à tomber du ciel. Les deux adversaires avaient frappé, au même moment, tout en ayant anticipé l'attaque de l'adversaire pour l'éviter à coup sûr. Violemment, ils se rentrèrent dedans comme deux imbéciles aveuglés par la haine.

Le wabbit fut une fois de plus projeté au loin, désavantagé par son faible poids, tandis que Leiyoh tomba en arrière, perdant l'équilibre et n'ayant plus rien à quoi se rattacher. Elle dut abandonner sa dague pour ne pas se briser le poignet, et retomba lourdement au sol.

Le wabbit s'était déjà relevé, tandis qu'elle récupérait à peine son arme pour se défendre ... Tel un élastique, le buveur de sang se propulsa en avant à l'aide de ses pattes arrières, et retomba sur les poumons de la jeune sramette, expulsant tout l'air de ceux-ci. Le wabbit allait lui mettre un violent coup de dents, quand soudain, l'éclat dans les yeux de sa victime disparu. Les bras de Leiyoh retombèrent mollement par Terre, et elle ne bougea plus. Le wabbit en fut tellement perturbé qu'il ne put se résigner à tuer la créature sans vie qu'il tenait entre ses griffes.

Pendant ce temps, derrière lui, la sramette se félicitait d'avoir invoqué son double et d'avoir disparu au moment opportun. Le terrible adversaire était à présent à sa merci ...

Elle leva la dague, prête à frapper, quand soudain, elle vit que le wabbit n'attaquait pas son double. Pourquoi ? Savait-il qu'elle n'était plus là ? Elle en fut si surprise qu'elle baissa son arme, et décida de pousser son invisibilité quelque secondes de plus, pour voir qu'elle raison le wabbit avait de ne pas s'acharner sur l'être sans défense qui gisait sous lui. Elle le contourna à pas feutrés. Dans les yeux de son adversaire, elle lut une telle tristesse qu'elle en fut émue, au point d'en lâcher sa dague, de tomber à genoux et de perdre sa concentration de guerrière, et donc, son invisibilité. La haine avait quitté son esprit, devant le spectacle qu'offrait le jeune wabbit buveur de sang, debout sur le double inerte allongé au sol. Le wabbit leva les yeux, surpris par la réapparition de la sramette devant lui. Il hoqueta de surprise, fit un pas en arrière, et demanda :
- Tu ... Tu auwais pu me tuew, ... Pouwquoi ? ... Pouwquoi ne l'as-tu pas fait ?
- Je ... Je ne sais pas ... Quelque chose, ... Quelque chose a retenu ma main ... tes yeux ... ils avaient perdu toute folie, toute envie de tuer ...
- Quelque chose dans le wegawd de ton double m'a empêché de powtew le coup fatal, moi aussi ... son absence de peuw, d'émotion, de colèwe et de haine (il baissa les yeux) ... il ne voulait pas me tuew, je n'ai pas ... Pas pu le tuew ...
- Je ...

Une larme coula sur la joue de Leiyoh. Jamais elle n'avait pensé voir d'aussi beaux yeux que ceux du wabbit en ce moment précis. Ce dernier lui rendit son regard, puis baissa la tête :
- Tu m'as libéwé de ma folie, jeune swamette.

Il se releva doucement, et le jeta un regard plein de gratitude :
- Je tuais tout ce que je voyais. Tout. Sans exception. Oui, caw tout ce que je voyais voulait me tuew.

...

- Maintenant, ... je ne tuewai plus.

J'ai lu, c'est sympa j'ai bien aimé.

Fya a écrit:

J'ai lu, c'est sympa j'ai bien aimé.

+1, très sympa !